Faire le vide

Faire le vide, pour que le nouveau arrive…

Ce matin, je me dis : arrête de chercher les solutions dans ta tête. Le nouveau ne peut arriver que si place nette a été faite.

Alors je m’assieds, et je m’efforce de ne me concentrer que sur ma respiration et le battement de mon ventre. Pour moi, cette concentration est nécessaire, sinon mon mental part dans tous les sens, et ce n’est pas peu dire.

Il y a cette croyance très active en moi que rien ne peut arriver si je n’y ai pas réfléchi, si je ne l’ai pas bien pensé. Et pourtant j’ai déjà expérimenté le contraire, que l’éclaircie arrive quand on a bien fait le vide en soi. Mais le mécanisme de mon mental est tellement puissant qu’à chaque fois, je me fais prendre, et je dois recommencer, faire cet effort très stricte de concentration sur mon souffle uniquement, et le battement de mon ventre.

Les pensées se faufilent tout de même. Mais, ce matin, je tiens bon dans la négociation intérieure, où je m’auto-persuade qu’il est nécessaire là de faire le vide. On me dit souvent que ce n’est pas possible de faire le vide. Je pense que c’est une question de croyance : tant qu’on n’a pas la conviction que les solutions peuvent arriver de l’intérieur, on ne peut pas trouver la force de persuader le mental de se tenir tranquille un moment. Car le mental a une puissance telle qu’il faut trouver les bons arguments pour le convaincre qu’il est plus important de se concentrer sur un point que de réfléchir à ses problèmes. Faire le vide suppose qu’à un moment on croit que ce soit possible, qu’à l’intérieur se trouve bel et bien les ressources nécessaires pour faire face à ce que la vie nous fait vivre, et qui est loin d’être toujours drôle. Cela ne peut pas changer les circonstances extérieures, mais le changement des dispositions intérieures change beaucoup de choses en réalité.

Alors je reste là, ce matin, je tiens ma concentration sur le souffle et sur le battement de mon ventre.

Le premier effet est que cela me repose. C’est déjà pas mal, car le trop plein mental est épuisant. Juste se mettre un moment dans le battement de son ventre allège. Mais je sens encore le carcan au niveau du crâne, comme quelque chose qui me serre la tête. Pour l’instant ça ne veut pas lâcher. J’observe la sensation. Je laisse faire.

Je tiens la concentration sur mon souffle par les narines et le battement de mon ventre.

Au bout d’un moment, à force de rester là, quelque chose se passe, qui n’arrive pas tout le temps, mais que je commence à connaître un peu. Comme l’ouverture d’un nouvel œil. En tout cas c’est la sensation que j’ai là, ce matin. Ce n’est pas le 3e œil, entre les sourcils. Ce point de conscience apparaît tout à la base de la colonne vertébrale, sur la pointe du sacrum, ce qui me donne l’impression d’une inversion de posture. Comme si mon regard s’était ouvert en bas.

C’est là que tout change. Ma conscience déplacée à la base de ma colonne vertébrale renverse les choses. Je pousse un peu avec mes fesses pour que la colonne se redresse et ma tête s’ouvre comme une fleur. Je n’ai plus la sensation de carcan, mais plutôt une sensation de jaillissement comme celui d’une fontaine. Curieusement la sensation que j’ai de mon souffle a changé également, il est plus fluide, comme si j’avais pris un bon bol d’air dans la nature. Mais en restant là dans la maison. Mon mental est toujours là. Je pense (heureusement) mais mes pensées sont beaucoup plus claires, et viennent sans que je les force.

Le sentiment de gratitude arrive : merci aux maîtres, enseignants, amis, qui m’ont montré le chemin pour aller vers moi-même ! Oui, ce n’est pas un mensonge, tout est là, à l’intérieur de soi. Tout le bien être que nous recherchons est là, à portée de main, et même moins que ça.

Alors je reste là encore un moment, tranquille, avec le souffle plus clair, et l’impression de fluidité dans l’air. Je respire. Je savoure ce moment de suspension. Avant de reprendre le courant habituel des choses.

Je sais que le mental va se charger à nouveau. Mais ce n’est pas grave, j’ai cette possibilité de revenir à cet état de simplicité d’être. Cela ne demande pas grand-chose, juste de s’arrêter, et de se tourner vers son souffle par les narines, et de faire l’effort de s’y concentrer un moment… Ce n’est pas grand-chose, et cela vaut la peine car cela permet de voir la vie plus belle, moins oppressante, plus légère, plus ouverte…

En tout cas, ce matin, c’est ce qui me permet de trouver ces mots et de vous en faire part.

Écrit le 18 mars 2025

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